La dépression entraîne un confinement de soi. C’est l’un des aspects ravageur de la maladie. L’autre devient un bruit que vous ne supportez plus.
En tant qu’être humain, ce sentiment de vouloir s’exclure du monde devrait être un signal d’alerte puissant pour repérer très tôt la maladie.
Notre espèce est dite sociale. Nous avons besoin du contact avec les autres pour vivre. Cependant certains auront besoin d’une dose plus puissante que d’autres. Mais cela n’en demeure pas moins un des aspects essentiel de notre survie.
Alors quand vous commencez à vous retirer du monde, à diminuer voir annihiler tous vos contacts avec vos congénères, cela ne sent pas bon du tout !
En tant que dépressive, l’autre est une agression. En plus notre société est très bruyante, très abrasive. Elle bouscule sans cesse, demande toujours plus. Elle esquinte les gens qui la composent en leur infligeant de l’interaction sociale à outrance : travail, commerce… ce qui entraîne une énorme perte de sens dans notre relation à l’autre.
Moi je fais partie de ceux qui à la base, ont besoin d’un grand espace de silence. J’aime me couper du monde. Mais avec ma dépression ce phénomène c’est amplifié.
Cela se traduit par une peur, une angoisse de sortir de chez moi. J’ai été jusqu’à ne plus pouvoir ouvrir la porte de ma maison pour sortir mon chien. Mettre un pied dehors était devenu une peur irraisonnée.
Se retrouver au supermarché pour faire mes courses, avoir envie de m’enfuir en laissant mon caddy en plein milieu des rayons parce qu’une angoisse montait et devenait incontrôlable.
Aller à la boîte aux lettres en pleurant parce qu’être dehors était une épreuve hors du commun.
Aujourd’hui encore me retrouver dans les magasins (ou autres lieux communs) est une épreuve. Je ne supporte plus le bruit (visuel, sonore) qu’ils génèrent. Je me trouve sereine que lorsque je suis dans des lieux calmes, dans lesquels je ne me sens pas agressée par les voix, la musique, la taille des lieux…
Ma maison est devenue mon cocon, mon lieu rassurant, source de repos. Malheureusement, avec la dépression, ce cocon s’est transformé en prison. Incapable de le quitter, transformant l’extérieur comme source perpétuel de peur. Les liens à l’autre se brisent complètement, accentuant l’angoisse pour vous enfermer encore plus.
Personne n’est fait pour vivre dans une cage. On y devient malheureux, fou. C’est un cercle vicieux. Et il n’y a rien de plus difficile que mettre fin à ce type de cycle.
Imaginez ce que je ressens actuellement avec ce confinement involontaire.
Pour moi d’ordinaire, aller faire mes courses est source de stress. Là j’ai l’impression de participer à « Hunger games » !
Mais le plus terrible est de ne pas pouvoir prendre l’air à l’extérieur de mon cocon pour faire barrière à la dépression.
Avec le temps j’ai réussi à me trouver des échappatoires qui me permettent de contrer cet enfermement morbide que génère la maladie. C’est un peu comme des secousses de survie que mon cerveau m’envoie. Ce sont mes bouées de sauvetage.
Ces bouées ce sont des sorties pour des expos, des visites de lieux historiques ou naturels, des brocantes… en bref des bols d’air frais !
Là, c’est impossible de le faire.
Cela implique le risque de revivre une phase dépressive importante voire dangereuse. J’avoue que cela me fait peur, m’angoisse. Trouver des alternatives demande de l’énergie que je n’ai pas forcément.
Paradoxalement, j’ai plein de choses à faire, à regarder, à lire. Mais l’essence même de la dépression c’est de rendre tout cela inintéressant, d’annihiler l’énergie pour entreprendre quoique ce soit.
Je sais que vouloir sortir est un sentiment que TOUT le monde partage en ce moment. C’est très dur pour tout le monde. Mais pour une dépressive l’enjeu est encore plus grand parce que sortir fait partie du traitement de la maladie.
Je compatis vraiment à ta situation. Quand ça ne va pas, je me plonge dans des vidéos humoristiques : Les Inconnus, « Les visiteurs », etc…
A très vite !