Open your heart

Février 1987, la Madonne débarque en France avec un nouveau single issu de son album « True Blue » sorti le 30 juin 1986 à travers le monde.

Le titre de ce nouveau tube porte un joli nom « Open your heart » ou « Ouvres ton coeur ».
Quoi de plus ravissant que cette demande ?

Pour mettre en image les paroles de cette chanson, Madonna fait appel à un artiste français : Jean-Baptiste Mondino.
Visionnaire, Mondino aime l’image et comprend vite son pouvoir. Il réalise des publicités, il commence à créer des pochettes d’album, puis très vite il crée des clips vidéos pour des artistes français comme Alain Chamfort, Axel Bauer (et son culte « Cargo de nuit« ), Les Rita Mitsouko.
Quand Madonna fait appel à lui il vient de terminer le clip « C’est comme ça« des Rita Mitsouko.

Mondino a un univers qui plaît à Madonna. A bien des égards il représente l’image que ce font les américains des français : ce sont des coquins, ils n’ont pas peur de la nudité, du sexe, ils en rient même ! Nous sommes très loin de l’Amérique de Reagan…
Forcément ce sens de la provocation attire la Madonne.

Mondino fera de « Open your heart » un bijou.
Dès les premières images, l’esthétique est bluffante et plante le décor. Nous sommes à l’entrée d’un peep show. Pour la première fois, Madonna ajoute un élément très personnel : son amour pour la peintre Tamara De Lempicka.
Elle se considère en véritable artiste, veut que ça se sache et cela Mondino va très bien le mettre en avant.

Madonna joue une strip-teaseuse. Sous le regard d’hommes de tous âges, de femmes, elle se déhanche avec pour seule accessoire une chaise bistro. De brune, elle passe rapidement à blonde.
Peu vêtue, elle arbore pour la première fois un corset à seins pointus réhaussé par ses mamelons dorés emblématiques des strip-teaseuses du milieu du XXème siècle.

Pendant ce temps un petit garçon attend dehors et joue avec les photos dénudées. Est-ce son fils ? son jeune frère ? ou tout simplement un gosse des rues ? L’histoire ne le dit pas.
A la fin, Madonna et l’enfant s’enfuit. Cette dernière image les montrant de dos remontant une rue est, pour moi, un clin d’oeil à Charlie Chaplin dans « The kid ».

A l’époque et pendant plusieurs années, le clip fait scandale aux USA.
Plusieurs raisons :

• Le thème bien sûr qui met en avant le sexe et surtout sa consommation.
• Le fait que les voyeurs/acheteurs sont plus que des hommes hétéros. Nous pouvons croiser deux marins qui malgré leur attirance pour la danse de Madonna ne semble pas franchement attirés sexuellement par elle. Et puis il y a cette femme…
• le baiser du scandale : Madonna embrasse sur la bouche le petit garçon. Bien innocent ce baiser mais vu le thème, les ligues de vertus se sont empressées de le condamner.

Tout ça est bien innocent vu d’ici. En tout cas, ce tapage fit la gloire du clip. Madonna reine de la provocation mais avec cette amplitude esthétique très maîtrisée. Ce sera désormais sa marque de fabrique.

Pour la pochette du single, une nouvelle fois de plus c’est Herb Ritts qui la réalise. L’ambiance du clip est complètement repensée pour la séance. Il capture un magnifique portrait de Madonna avec sa perruque brune. Le dos est un corps sexy en diable qui se cambre. Les tons bleutés qui ressortent renforcent l’appartenance à l’album « True Blue ». Magnifique !

« Open your heart » est reconnaissable entre mille avec son ouverture. Les premières notes font frémir les fans lors des concerts.

La première fois fut en 1987 pour son « Who’s that girl tour ». Vêtue du même corset, accompagnée d’un jeune garçon, Madonna recrée en live son clip.

Ensuite lors du « Blond ambition tour », le petit garçon n’est plus là mais l’un de ses danseurs l’accompagne superbement. Le corset est toujours là mais cette fois-ci il est rose poudré. La chorégraphie avec la chaise est magnifique.

Il faudra attendre 2012 et le « MDNA tour » pour retrouver entièrement la chanson.
Elle est brillamment métamorphosée avec l’accompagnement musical du groupe basque Kalakan trio.

Puis en 2014, lors des « Grammy Awards », elle interprète ce titre au moment du mariage de dizaine de couples homosexuels. Emouvant, magique, magnifique.

Pour finir, voici les paroles, une page de pub française et la couverture d’un magazine… toute une époque résumée en trois photos.